En Médecine Traditionnelle Chinoise, on dit que l’émotion associée aux Reins est la peur, mais réduire ce lien à une simple correspondance serait passer à côté de toute la profondeur du sujet, car c’est effectivement un grand sujet. L’énergie des Reins représente l’énergie originelle de notre existence. Quand celle-ci s’affaiblit, la confiance vacille. Alors, l’inquiétude s’installe, parfois sans cause précise. Cette peur peut être reliée à une vibration ancienne, presque instinctive, peut-être celle de l’abandon, du manque de sécurité, du sentiment d’être séparé. La travailler, c’est remonter dans notre histoire de vie.
Mais dans le corps, rien n’existe isolément. Une émotion de crainte peut aussi naître d’une Rate épuisée, quand le mental rumine et ne parvient plus à digérer ce qu’il vit. Parfois, le Foie s’en mêle, et la tension monte, bloquant la circulation du sang. D’autres fois, c’est le Cœur qui s’agite, réveillant les insomnies, les palpitations, cette impression d’être traversé par trop de pensées. Et toujours, dans ce réseau subtil de résonances, l’énergie des Reins s’en trouve affaiblie. Car chaque forme de peur, même silencieuse, finit par puiser dans notre essence vitale, ce Jing qui soutient la vie elle-même. C’est pourquoi il est important de chercher au-delà de l’énergie unique des Reins.
Sun Si Miao, grand maître de la Médecine Chinoise Taoïste, disait qu’il fallait aussi soigner la Vésicule Biliaire pour apaiser la peur. Ce lien Rein/VB est précieux, en effet, la Vésicule Biliaire incarne le courage, la capacité à choisir, à prendre les bonnes décisions. Quand elle faiblit, on hésite, on doute, on perd l’élan de la décision. Et sans courage, l’énergie des Reins ne trouve plus de direction vers l’extérieur. Ainsi, la relation entre ces deux organes devient essentielle : l’un fournit la racine, l’autre donne le mouvement. Ensemble, ils tracent un chemin entre la stabilité et l’action.
Peut-être qu’il ne faut pas voir l’émotion de la peur comme une ennemie. Lorsqu’on la traverse en conscience, avec le soutien du corps et de la respiration, elle devient une voie d’accès à une plus grande solidité intérieure. Ce que l’acupuncture Taoïste nous enseigne, c’est que derrière chaque déséquilibre se cache une occasion de renouer avec la vie. Ainsi, apaiser la peur n’est pas seulement soigner un symptôme : c’est rétablir le lien entre la profondeur et la lumière du cœur, entre le Reins et la joie d’exister, entre autre l’axe Shao Yin.
L’équipe du SYLAT.


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