Et voici que le début de l’automne va commencer. Ce temps de transition marque une bascule importante : celle du mouvement Métal, associé à l’élément du Poumon et du Gros Intestin. L’énergie de l’automne nous invite à nous recentrer, à trier, à peut-être respirer autrement : c’est le temps de la « récolte ». C’est le moment où la nature commence à se refermer, à se concentrer vers l’intérieur, et où l’on se prépare doucement à l’entrée dans le Yin profond de l’hiver.
Sur le plan énergétique, c’est le moment où le Yin s’extériorise au 1P, tandis que le Yang commence à s’amasser au 25E, en vue d’une intériorisation progressive. Le mouvement de l’énergie change de direction : on redescend.
On dit que le Poumon est le maître des énergies circulantes. Il est celui qui transmet les ordres du Cœur : c’est son Premier ministre. Logé dans le Foyer Supérieur, il est comparé à un pouvoir législatif au sein de cette forteresse, agissant de concert avec le Cœur pour distribuer et harmoniser les souffles dans tout l’organisme.
Son rôle principal est de faire descendre et de diffuser : il descend le Qi vers le bas, et le brumise sous forme de liquides légers, assurant ainsi la bonne humidification des tissus, des muqueuses et de la peau.
Le Poumon gouverne Wei Qi (Oe), cette énergie de défense qui circule à la surface du corps et nous protège des agressions externes. La manifestation externe de cette action défensive s’exprime par la peau. C’est pourquoi on dit que le Poumon contrôle l’ouverture et la fermeture des pores : par ce biais, il régule la transpiration et la capacité du corps à réagir au vent, au froid ou à l’humidité.
En renforçant l’énergie du Poumon à l’automne, on travaille ainsi à préparer le terrain de l’hiver, en fortifiant les défenses naturelles du corps.
Selon le Ling Shu (ou Ling Tchrou), le Poumon est intérieurement accordé avec le Gros Intestin. Ces deux organes forment une paire “avers/revers”, travaillant ensemble dans une dynamique de purification : le Poumon inspire l’air pur venu du ciel, tandis que le Gros Intestin élimine les déchets du bas. C’est ce mouvement de haut en bas, d’accueil et de relâchement, qui permet à l’organisme de rester fluide et en équilibre.
L’émotion rattachée au Poumon est le chagrin. Celui-ci est une empreinte émotionnelle ancienne, souvent silencieuse, logée dans le souffle, qui peut restreindre la respiration, ralentir la circulation du Qi, et refermer l’être. Lorsque le Poumon est en déséquilibre, on peut ressentir comme une oppression thoracique, une incapacité à « prendre l’air » au sens propre comme au figuré.
En soutenant l’énergie du Poumon, on aide non seulement à libérer cette peine intérieure, mais aussi à retrouver un souffle libre, un lien vivant avec ce qui est juste, essentiel, précieux.
Logé tout en haut dans le Foyer Supérieur, le Poumon est aussi appelé à gérer ce qui est précieux, raffiné, essentiel. Il trie les souffles (Qi) pour en conserver la quintessence et distribuer ce qui est nécessaire à chaque partie du corps. Il est ainsi en lien avec la dimension subtile et spirituelle de l’être. Il nous connecte à ce qui est juste, épuré, simple – tout comme l’air que nous respirons.
Son ouverture se fait par les narines, par où entrent les souffles du Ciel. Une respiration fine et consciente nourrit directement le Poumon et le Shen.
Parce qu’il brumise et diffuse les liquides, le Poumon joue également un rôle central dans la gestion des œdèmes, des congestions et de certaines stagnations de l’eau dans le corps. Si son mouvement de descente est entravé, les liquides ne sont plus bien répartis, ce qui peut se manifester par des gonflements ou des troubles de l’hydratation.
L’automne est donc une saison de dépouillement et de retour à l’essentiel. Elle nous enseigne à laisser aller avec douceur, à faire de la place pour l’intériorité, à prendre soin de nos défenses (Wei Qi) et à nourrir ce qui est vraiment précieux en nous.
Soutenir l’énergie du Poumon à cette période de l’année, c’est non seulement fortifier notre immunité, mais aussi accompagner les deuils, les séparations, les transitions, avec souplesse et clarté.
L’équipe du SYLAT
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